La Cicatrice Prophétique, Partie 3

En résumé, les points d’accord entre ces anges sont les suivants : (1) Tous deux criaient d’une voix forte ; (2) Chacun de ces anges avait un message mondial ; (3) Le message des deux anges concernait le jugement ; (4) Les deux anges attirent l’attention sur le Créateur du ciel et de la terre ; (5) Les deux anges basent leur proclamation sur le livre de Daniel ; (6) Le message de chacun de ces anges était dû en l’an 1844. Lorsque, comme dans le cas présent, on peut démontrer que tous les traits saillants de deux mouvements sont de même nature, l’identité des mouvements en question est prouvée au-delà de toute possibilité ; mais qu’est-ce que l’identité a à voir avec notre enquête actuelle ? Je réponds dans tous les sens. Si ces mouvements sont les mêmes, l’expérience des personnes engagées dans l’un de ces mouvements sera identique à celle des personnes engagées dans l’autre mouvement, même si elle n’est pas mentionnée dans le compte rendu de ce dernier. En appliquant ce principe, on arrive à la conclusion que les Adventistes de 1844, qui prétendaient donner le message d’Apocalypse 14 : 6, 7, étaient voués à une terrible déception. Cette conclusion est tirée de la manière suivante : aux versets 3 et 4 de la Révélation 10, il est dit qu’à l’occasion du cri de l’ange, sept tonnerres firent entendre leur voix, et que Jean, sur le point d’écrire leurs paroles, en fut empêché et reçut l’ordre de sceller ce qu’ils avaient dit. Sceller, dans un contexte tel que celui-ci, doit signifier rendre obscur ou cacher à nos yeux. Il devait donc y avoir quelque chose dans l’expérience de ceux qui donnaient le message d’Apocalypse, qui serait voilé dans le mystère. Plus loin, la lumière est jetée sur ce sujet dans les versets 8 à 10 inclus ; il est rapporté que la voix du ciel ordonna à Jean de prendre le petit livre qui était dans la main de l’ange, et de le manger. Manger un livre signifie, dans le langage figuré des Écritures, recevoir ses enseignements dans l’esprit et le cœur. Jér. 15 : 16 ; Ezéchiel 3 : 3. Dans la bouche de Jean, le livre s’est avéré aussi doux que du miel, mais dans son estomac, il était amer. On peut en déduire que le peuple que Jean représentait pour l’instant ferait une expérience délicieuse au début, mais terriblement amère à la fin.

Les adventistes de 1844 ont-ils vécu une telle expérience ? Précisément une telle expérience. Rien ne pouvait se comparer à l’extase qui a marqué la première partie de leur travail, alors qu’ils allaient, dans la puissance de Dieu, annoncer que l’heure du jugement et de l’avènement était proche. Le temps fixé s’est écoulé et ils se sont réveillés avec la terrible conscience de l’ampleur de leur erreur. Ils avaient tout misé sur leur foi que la fin de toutes choses était proche. Trompés sur ce point, il leur semblait que tout était perdu. Dans la même tombe où ils ont déposé leurs espoirs, ils ont aussi enterré leurs attentes et, dans bien des cas, leurs biens matériels. Des hommes de bien, des grands hommes, des érudits bibliques, en écoutant les cris de raillerie de leurs ennemis de partout : « Tu es là, toi ? Ne sont-ils pas montés, alors ? », cela leur donnait envie de mourir ou de s’oublier. Il est probable qu’aucune classe d’hommes n’a jamais bu une coupe plus amère que celle que ces hommes ont bue depuis que les disciples ont vu Jésus expirer sur la croix. On pourrait s’arrêter là, avec l’assurance que les esprits candides l’accepteraient comme une évidence ; mais un autre témoin doit être introduit pour compléter la mesure du témoignage des Écritures. Dans Matt. 25 : 1-13 se trouve la parabole des dix vierges. Il est incontestable qu’elle s’applique à l’église des derniers jours. Cela peut être démontré de deux manières : Premièrement, dans Matthieu 24, le Seigneur amène ses auditeurs, étape par étape, à son second avènement. Au verset 44 il les instruit de se tenir prêts pour la venue du Fils de l’homme. Au verset 48 et suivants, ils sont amenés au point où le mauvais serviteur doit dire : « Mon maître tarde à venir », et être coupé soudainement à la venue de son Seigneur. Vient ensuite la parabole qui commence par ces mots : « Alors [en ce temps-là] le royaume des cieux sera semblable à dix vierges. » Tous connaissent le contenu de la parabole. Sans entrer dans les détails, il suffit de dire que dans cette parabole, les vierges représentent l’église du Christ telle qu’elle doit sortir dans les derniers temps pour rencontrer l’Époux, ou le Christ, à sa venue. Mais si les vierges étaient un type de l’église des derniers jours, alors cette dernière aurait une expérience correspondant au temps d’attente de la parabole. C’est-à-dire qu’elles attendront le Seigneur et se prépareront à le recevoir avant sa venue effective. Alors qu’ils attendront dans le doute et l’incertitude, le cri s’élèvera soudain : « Voici l’Époux qui vient ; sortez au-devant de lui ». À ce stade, une ligne de démarcation sera tracée à travers l’église avec une terrible netteté. Il deviendra manifeste qu’une partie de l’église n’a pas la grâce, la foi et la sagesse nécessaires pour tenir jusqu’à la venue de l’Époux. L’Époux viendra néanmoins, et ceux qui sont prêts entreront avec lui aux noces. Ensuite, quand la porte sera fermée, les insensés frapperont pour entrer et seront rejetés. Voilà pour le sens de la parabole. Il convient maintenant de s’interroger sur son accomplissement. Les adventistes de 1844 ont-ils vécu une expérience similaire à celle décrite dans la parabole ? Pour ceux qui connaissent les faits, il n’est pas nécessaire de dire qu’ils l’ont fait. Au printemps 1844, ils fixèrent une date pour la venue du Christ, et furent déçus. Pendant trois mois, ils ont été envahis par le doute et l’incertitude. Pendant cette période, beaucoup sont devenus indifférents à leur ancienne foi. À la fin de cette période, le cri de minuit s’éleva soudain : « Voici l’Époux qui vient ; sortez au-devant de lui. »

Avec une spontanéité sans pareille, il a retenti dans tout le pays, faisant sursauter tous ceux qui l’entendaient comme le fait une cloche de feu dans la nuit. Les adventistes resserrèrent leurs rangs et marchèrent presque en phalange solide jusqu’au dixième jour du septième mois, temps juif, ou 22 octobre de notre calendrier, où l’on croyait que le Seigneur ne retarderait plus sa venue. Il n’est pas venu, cependant, dans le sens où ils l’attendaient. Pendant un certain temps, la confusion régna. Il ne fallut pas longtemps, cependant, pour que les sages parmi le peuple découvrirent que le Christ n’était pas venu sur cette terre comme ils l’avaient d’abord prévu, était néanmoins venu dans le dans le sens de la parabole, c’est-à-dire qu’il était réellement venu aux noces qui devaient avoir lieu au ciel, et non sur cette terre.

Pour la première fois, la lumière de la question du sanctuaire est apparue dans leur esprit. Ils ont appris que c’est au jugement investigatif que le Christ s’est rendu le dixième jour du septième mois, à l’époque juive. Ils y sont entrés avec lui par la foi, et c’est là qu’ils seront finalement témoins de son union avec son épouse, la Nouvelle Jérusalem. Cette doctrine, beaucoup ne pouvaient pas la recevoir, et depuis lors, les adventistes ont été divisés en deux classes : les adventistes du premier jour et ceux du septième jour, ces derniers acceptant la doctrine du sanctuaire, et les premiers la rejetant.  Pour l’un, tout est lumière et satisfaction ; pour l’autre, tout est obscurité. Le temps a été fixé par eux. La fermeture de la porte aura sans doute lieu à la fin de la période de probation. Alors les malheureux qui ont rejeté la lumière et la vérité qui auraient expliqué leur erreur, verront leur erreur, et frapperont pour être admis, quand, hélas, il sera trop tard.

Lecteur, ne fais pas partie de ce nombre. Les voies de Dieu ne sont pas vos voies. N’entreprenez pas de le juger selon vos idées de cohérence. Autrefois, ceux qui s’asseyaient à la table du roi David étaient obligés de manger avec Mephibosheth, le fils de Jonathan. Il importait peu qu’il soit boiteux des pieds et que sa démarche soit hésitante. David l’aima pour l’amour de son père, et lui donna une place à son conseil. De même, au repas de noces de l’Agneau se trouveront ceux qui, en toute sincérité de cœur, ont contribué à donner le message d’Apocalypse 14 : 6, 7, et qui suivront jusqu’à la fin la trace de la lumière qui avance. Apocalypse 19 : 7-9. Il est vrai qu’ils ont fait une gaffe pendant un certain temps, et cette gaffe est une cicatrice qu’ils sont obligés de porter depuis, mais Dieu les aime parce qu’ils aiment l’apparition de son Fils, et proclament leur foi avec courage. Je le répète, ils seront au repas de noces de l’Agneau ; et si vous y êtes, vous découvrirez que la cicatrice qu’ils portent deviendra même glorieuse à regarder, puisqu’elle prouve leur identité avec ceux qui ont mangé le petit livre doux comme le miel dans la bouche, mais amer comme le fiel et l’absinthe une fois mangé.

Cet article provient de Review and Herald, 15 Décembre 1891, « The Prophetic Scar ».

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