L’Écriture s’est accomplie ; il y a eu, comme nous l’avons montré dans ces colonnes la semaine dernière, une apostasie.
Mais qu’il y ait une chute, ce n’était pas là toute la prophétie – par cette chute devait être révélé « l’homme du péché », « le fils de la perdition », « le mystère de l’iniquité », « le méchant », qui s’opposerait et s’élèverait au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de tout ce qu’on adore ; et qui, lorsqu’il apparaîtrait, persisterait jusqu’à ce grand et remarquable événement – la seconde venue du Seigneur Jésus-Christ.
Se référant encore à 2 Thess. 2 : 4, on voit que l’exaltation de la vente est le ressort du développement de cette puissance. Comme l’exprime cette Écriture, il « s’oppose et s’exalte lui-même ». Ou, comme le dit un autre passage de l’Écriture, « il se magnifie dans son cœur ». Et une autre : « Il se magnifie jusqu’au Prince de l’armée », le Seigneur Jésus-Christ. Et une autre encore : « Il s’élèvera contre le Prince des princes. » C’est-à-dire qu’il régnera ou affirmera son autorité au-dessus et en opposition à l’autorité du Christ ; ou, comme le développe Paul, cette puissance s’opposera et s’élèvera au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu ou qui est adoré, de sorte que, comme Dieu, il s’assiéra dans le temple, le lieu d’adoration de Dieu, montrant lui-même qu’il est Dieu.
Si l’on se réfère encore à l’instruction de Paul aux anciens qui l’ont rencontré à Milet, on y voit une prophétie de ce même esprit d’exaltation de soi, un désir de gagner des disciples à eux-mêmes plutôt qu’à Christ. Ils se préféreraient au Christ, se mettant ainsi d’emblée au-dessus de lui, en opposition avec lui. Et cela se développerait parmi les évêques. « De vous-mêmes surgiront des hommes qui diront des choses perverses, pour entraîner les disciples après eux. »
Cet esprit d’exaltation de soi s’est manifesté activement contre l’apôtre Jean de son vivant, car il dit : « J’ai écrit à l’Église; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. » 3 Jean 3 : 9. Cette prétention à la prééminence se manifesta par des propos malveillants à l’encontre de l’apôtre, et non seulement par son rejet, mais aussi par l’expulsion de l’église des membres qui voulaient le recevoir. Ce n’est que peu de temps après que l’autorité vivante des apôtres eut disparu, que cette attitude fut portée à de nouvelles extrémités.
Selon la parole de Christ, il n’y a pas de prééminence, ni de maîtrise, ni de souveraineté de position, parmi les hommes dans l’église. Il y eut un jour une discussion entre ses disciples pour savoir qui devait être considéré comme le plus grand et Jésus les appela à lui et dit : « Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les maîtrisent; et que les grands exercent leur autorité sur elles. Mais il n’en sera pas de même parmi vous; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous, sera votre serviteur. Et quiconque voudra être le premier d’entre vous, sera l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs. » Marc 10 : 42-45.
Et en mettant en garde ses disciples de tous les temps contre la pratique des scribes et des pharisiens de l’époque, qui n’étaient que les papes de leur temps, il dit qu’ils : « aiment les premières places dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues; Ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes: Maître, maître. Mais vous, ne vous faites point appeler maître; car vous n’avez qu’un Maître, le Christ; et pour vous, vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père; car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. Et ne vous faites point appeler docteur; car vous n’avez qu’un seul Docteur, le Christ. Mais que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur. Car quiconque s’élèvera sera abaissé; et quiconque s’abaissera sera élevé. » Matt. 23 : 6-12
Ordre dans l’église du Christ
Dans l’église, chaque membre a les mêmes droits que n’importe quel autre membre ; mais pour le bien de tous et le bénéfice mutuel de tous les intéressés, ainsi que pour mieux poursuivre son œuvre dans le monde, le Seigneur a établi son église, et avec elle un système d’ordre ecclésiastique dans lequel certains sont choisis pour exercer certaines fonctions pour le bénéfice mutuel de tous dans l’organisation. Ces officiers sont choisis parmi les membres par la voix des membres. Parmi ces officiers, il y a deux classes, et deux seulement, les évêques et les diacres. C’est ce que montre la lettre de Paul aux Philippiens : « Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les Saints en Jésus-Christ, qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres […] » Chapitre 1 : 1.
Les évêques sont parfois appelés anciens ; mais la même fonction est toujours enregistrée. Lorsque Paul donne des instructions à Tite à ce sujet, il dit : « La raison pour laquelle je t’ai laissé en Crète, c’est afin que tu achèves de mettre en ordre ce qui reste à régler, et que tu établisses des anciens dans chaque ville, suivant que je te l’ai ordonné, S’il s’y trouve quelqu’un […] qui ne soient pas accusés de dérèglement, Car il faut que l’évêque soit irrépréhensible, comme économe de Dieu […] » Tite 1 : 5-7. C’est ce que montrent encore les Actes des Apôtres au chapitre 20, auxquels nous nous sommes déjà référés ; Paul ayant convoqué à Milet « les anciens de l’Église. » d’Éphèse, il leur dit entre autres choses : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques […] » episkopoi—évêques.
Pierre écrit également dans le même sens : « Je prie les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée: Paissez le troupeau de Dieu qui est au milieu de vous, veillant sur lui, non par contrainte, mais volontairement; non pour un gain honteux, mais par affection; Non comme ayant la domination sur les héritages du Seigneur, mais en étant les modèles du troupeau. » 1 Pierre 5 : 1-3.
Ce texte montre non seulement que les termes « ancien » et « évêque » se rapportent à la même fonction identique, mais il montre que Pierre se considérait comme l’un d’eux ; et que non seulement par son précepte mais par son exemple, il montrait que dans cette fonction, bien que surveillants, ils n’étaient pas des dominateurs ou des seigneurs.
Tel est l’ordre dans l’église du Christ, et comme chaque chrétien est libre de Dieu et serviteur du Christ, il s’ensuit, comme on l’a bien dit, que « la monarchie dans les choses spirituelles ne s’harmonise pas avec l’esprit du christianisme ».
Comment l’ordre divine a été pervertie
Mais cet ordre ne fut pas longtemps maintenu. Une distinction fut très vite établie entre l’évêque et l’ancien, et l’évêque assuma la préséance et l’autorité sur l’ancien, qui n’était plus distingué de l’évêque que par le titre de « presbytre ». Cela s’est fait facilement et très naturellement.
Par exemple, une église serait établie dans une certaine ville. Bientôt, peut-être, une autre église ou d’autres églises seront établies dans cette même ville, ou près d’elle dans la campagne. Ces autres églises, comme une mère, et les anciens de l’église d’origine auraient naturellement le souci de l’autre comme de la mère. Le respect et la déférence christiques à leur égard n’étaient qu’une question de convenance ; mais ce respect et cette déférence furent bientôt exigés, et l’autorité pour les exiger fut revendiquée par ceux qui étaient les premiers évêques.
Encore une fois, comme les églises se multipliaient et que les anciens se multipliaient avec elles, il était nécessaire, pour faire avancer l’œuvre de l’Évangile, que les officiers de l’église se réunissent souvent pour se consulter. En ces occasions, il était tout à fait naturel et approprié que les aînés président ; mais au lieu de permettre que cela reste une question de choix dans la conduite de chaque réunion ou assemblée successive, on a revendiqué comme un droit que celui qui avait été choisi à l’origine occupe cette position à vie.
Ainsi fut établie la distinction entre les anciens, ou presbytres, et les évêques. Ceux qui usurpèrent cette autorité et cet office permanents prirent pour eux seuls le titre d’« évêque », et tous les autres devaient encore conserver le titre de « presbytre ». Les presbytres, à leur tour, s’arrogeaient sur les diacres une suprématie et une autorité qui ne leur appartenaient pas, et tous ensemble, évêques, presbytres et diacres, se considéraient comme un ordre supérieur dans l’Église à celui de l’ensemble des membres, et s’attribuaient le titre de « clergé », tandis que l’ensemble des membres se voyait conférer le terme de « laïcs ».
Pour justifier l’existence de ces trois ordres au sein du « clergé », on a prétendu qu’ils étaient issus de la succession des grands prêtres, des prêtres et des lévites de la loi lévitique. « En conséquence, les évêques se considéraient comme investis d’un rang et d’un caractère semblables à ceux du grand prêtre chez les Juifs, tandis que les presbytres représentaient les prêtres, et les diacres les lévites. »
Traduit du 6 Février 1896 du périodique Exaltation of the bishopric.